Repousser le présent
Continuer à réaliser les choses comme s'il ne pouvait en être autrement
Ne pas vouloir prendre conscience que demain sera absolument différent
Laisser le couvert dressé, petit mensonge avec lequel s'accommoder
Sourire de rigueur et faire abstraction de la chaise abandonnée
Se rappeler de cette petite musique particulière au soleil couchant
Celle d'une valse à trois temps, simplement pour repousser le présent
Nager au milieu des convives, paraître mais sans jamais vouloir se laisser harponner
Profiter encore de l'eau vive avant que celle-ci vienne naturellement à se troubler
Avant que le rideau tombe sur des lendemains sombres effaçant tous les précédents
S'abandonner à l'illusion d'un autre temps jusqu'à ce que se dissipe l'envoûtement
Sentir alors cette petite flamme que la solitude a fait naître peu à peu tout consumer
Mais toutes les cendres qui fussent un jour choyé parviendront un jour à ressusciter
Ne plus réaliser toutes ces choses comme s'il ne pouvait en être autrement
Avoir seulement pris conscience qu'aujourd'hui... est tristement différent